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Papineau

comme des étourdis et des brouillons… (Ces choses sont encore d’actualité.)

« Les gouvernements généraux qui veulent s’avancer et thésauriser, entendent deux messes par jour et sont obligés de se confesser une fois par vingt-quatre heures. Ils ont des ecclésiastiques à leurs trousses qui les accompagnent partout, et qui sont, à proprement parler, des conseillers. Alors, les intendants, les gouverneurs particuliers et le Conseil souverain n’oseraient mordre sur leur conduite, quoiqu’ils en eussent assez de sujet par rapport aux malversations qu’ils font sous la protection des ecclésiastiques qui les mettent à l’abri de toutes accusations qu’on pourrait faire contre eux.

« On nomme les gens par leur nom à la prédication ; on défend sous peine d’excommunication la lecture des romans et des comédies. Les conseillers du Conseil souverain ne peuvent vendre ou laisser leurs charges à leurs héritiers ou autres sans le consentement du roi. Ils consultent les prêtres et les Jésuites lorsqu’il s’agit de rendre des jugements sur des affaires délicates ; mais lorsqu’il s’agit de quelque cause qui concerne les intérêts de ces bons Pères, s’ils la perdent, il faut que leurs droits soient si mauvais que le plus subtil et le plus rusé jurisconsulte ne puisse lui donner un bon tour. Plusieurs personnes m’ont assuré que les Jésuites faisaient un grand commerce de marchandises d’Europe et de pelleteries du Canada…

« Les gentilshommes ont bien des mesures à garder avec les ecclésiastiques pour le bien et le mal qu’ils peuvent en recevoir indirectement.

« L’évêque et les Jésuites font trouver des partis avantageux aux filles nobles.

« Un simple curé doit être ménagé, car il peut faire du bien et du mal aux gentilshommes dans les seigneuries, desquelles il n’est pour ainsi dire que le missionnaire, n’ayant point de cure fixe en Canada. Les officiers entretiennent aussi avec eux de bonnes correspondances, sans quoi ils ne pourraient se soutenir. »

Il est incontestable que le catholicisme a évolué au Canada