Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/461

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pare de tous les êtres. Vénus et sa cour font la revue de l’escadre joyeuse. Elles passent et repassent autour des nacelles ; leurs regards s’enflamment, leurs poitrines se soulèvent, 287 l’haleine et la voix leur manquent à mesure qu’elles reconnaissent les heureux amants qu’elles préféreront ce soir.

… C’en est fait : la fièvre les gagne, elles cèdent aux désirs qui les affolent. Les lumières s’éteignent ; leurs dernières étincelles voltigent sur les eaux comme des feux-follets. Chacune des déesses saute dans la barque de celui qu’elle aime et le serre dans ses bras. Et chaque barque s’enfuit de toute sa vitesse, emportant à la rive son doux fardeau.

Gloire ! Gloire ! Dans les villas qui bordent le Tage, les cognassiers, les orangers répandront toute la nuit leurs senteurs embaumées ; les tendres palomas roucouleront jusqu’à l’aube. Tandis que jusqu’au grand soleil, l’homme plus heureux encore s’enivrera d’amour !


Oh ! souffle dans la brise, divine Vénus ! Enfle les voiles des nacelles où l’on s’adore, allume les passions dans tous les cœurs sensibles ! Ordonne à l’Écho de parler de caresses, à Cynthie de voiler ses yeux de sage-femme, dis au rossignol de charmer sa compagne chérie, commande aux étoiles de prêter à la terre une partie de leurs vives ardeurs ! Grandis l’homme par la poésie, les songes ! Qu’il implore de toi, de la femme par-