Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/113

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d’un mangeur d’opium, n’est pas sans analogie avec celui des hystériques ; très souvent, dans ses œuvres, Quincey fait preuve de la tendance à la fabulation, à la mythomanie, si fréquente chez ces malades.

Ce qui domine chez Thomas de Quincey, c’est « l’hypertrophie de l’imagination, avec un développement anormal de la sensibilité[1]. Son amour de la rêverie, du mystère et de la solitude se traduit à la fois par sa vie errante et par la tristesse dont beaucoup de ses œuvres sont imprégnées ».

Quincey arrive même à avoir des idées délirantes : ne s’imaginait-il pas qu’un animal habitait dans son estomac, dont il rongeait par instant les tuniques ? Il présenta aussi des signes du délire des persécutions et ses déménagements successifs eurent souvent pour but de fuir devant un ennemi imaginaire dont il se croyait poursuivi.

Il eut également des obsessions et des hallucinations, voire des accès de somnambulisme : souvent, la nuit, il lui arrivait de se réveiller et de se retrouver près de la fenêtre, à seize pieds de son lit ; mais tous ces phénomènes étaient-ils exclusivement dus à sa constitution névropathique ? Son état visionnaire, notamment, l’opium n’en

  1. Certains spectacles de la nature, certains sons, la musique parfois, faisaient sur lui une impression si profonde qu’elle le mettait en larmes.