Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/12

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Les enfants et les femmes lui sont attachés par le côté merveilleux de son œuvre ; ils y retrouvent, par endroits, des fictions prestigieuses, comme celles des Mille et une Nuits. Ces personnages étranges, ces logis bizarres, ces aventures fantastiques plaisent à des imaginations éprises de l’irréel. Quand, plus âgé, plus réfléchi, on revient à Hoffmann, on lui découvre des aspects nouveaux ; on reconnaît que ces plaisanteries outrées, ces extravagances voulues ont un sens symbolique : sous le masque de ses héros, se laisse entrevoir l’âme inquiète, tourmentée, d’un malade d’esprit et de corps.

Comme J.-J. Rousseau, qu’il admirait, Hoffmann s’est mis à nu dans ses Contes, mais avec un étalage plus discret de son moi que chez l’écrivain des Confessions et des Rêveries. Si son orgueil perce parfois, sa dignité offensée en a seule provoqué l’accès et, parce qu’à de certaines heures, il s’est irrité de ce qui, la veille, l’aurait laissé indifférent.

« Oui, poète, s’écrie Prosper Alpanus, tu es bien plus parfait que ne l’imaginent la plupart de ceux à qui tu as communiqué tes essais… »

Petit et contrefait, Hoffmann gardait rancune à la nature de cette disgrâce physique : n’est-il pas d’observation courante que les nains sont d’une susceptibilité, d’une irritabilité que l’exiguïté de