Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/123

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reconnaît. D’autres fragments épars dans son œuvre — Mme Barine en convient elle-même, presque à son corps défendant — achèvent de mettre en défiance.

« Certaines contradictions, certaines équivoques prouvent qu’il a été, comme tous les autres, dépourvu de sincérité dès qu’il s’agissait de son vice ; il est juste d’ajouter que le sens du réel s’émousse chez les morphiniques ; il y a des cas où ils mentent sans s’en apercevoir. »

Si donc Quincey a réellement pris de l’opium, ce serait en quantité modérée, et il n’aurait goûté au poison que dans la mesure où il exalte les facultés sans les émousser. L’opium lui aurait seulement été « prétexte pour attirer l’attention sur ses poèmes en prose[1] ». Il se serait servi, pour ses descriptions, des documents de Coleridge, « opiomane authentique, indiscuté ». Il aurait, pour tout dire, usurpé son tire de « roi des mangeurs d’opium », dont il se faisait gloire.

Pour le Dr R. Dupouy, le problème a été mal posé : Quincey ne fut pas un opiophage, ce fut un buveur de laudanum ; en cette qualité, il fut victime de deux toxiques associés : l’opium et l’alcool. D’autre part, il faut, dans l’étude de l’opiumisme de Quincey, tenir le plus grand compte du

  1. T. de Wyzewa, Écrivains étrangers, 1re série.