Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/129

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de l’aventure entraînera de bonne heure à fuir le logis paternel, à passer au dehors toute une nuit d’orage, « répétant dévotement ses prières, et pensant en même temps avec une amère satisfaction au désespoir dans lequel devait être sa mère ».



COLERIDGE
(Collection de l’auteur)

Cette escapade n’est qu’un incident, un épisode dans son existence, un des premiers symptômes de sa manie ambulatoire. Il doit être retenu, pour ce motif, qu’il aurait été, à entendre celui qui en fut le héros, l’origine de cet état rhumatoïde dont il se plaignit presque toute sa vie. Il avait, raconte-t-il, passé une rivière à la nage tout habillé, et avait laissé ses vêtements sécher sur lui : un rhumatisme, accompagné de fièvre et compliqué d’ictère, se manifesta, et, de cette époque et de cette maladie daterait ce que certains ont nommé sa neurasthénie et qui nous semble mériter une étiquette toute différente. Sans rien préjuger, disons seulement qu’on remarque déjà, chez le jeune Coleridge, une perturbation nerveuse où prédominent surtout l’instabilité et la mélancolie.

Assez semblable, sous ce rapport, à son père, il n’a, comme l’auteur de ses jours, aucun sens de la réalité ; par moments enthousiaste, il se détache aussi promptement qu’il s’est engoué ; l’indolence alterne chez lui avec l’indécision ; il n’arrive ni à se fixer ni à se déterminer, se passionnant tour à tour pour la médecine et pour la théologie,