Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/151

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Marguerite, il aperçut, au milieu des tombes, une lueur : il s’en approcha et vit un fossoyeur à la besogne. À ce moment, un crâne humain, frappé par la pioche, jaillit brusquement et vint le heurter à la jambe. Il quitta, tout troublé, le champ de la mort, gardant de l’incident une impression qui ne devait pas s’effacer.

Il était, néanmoins, gai, voire turbulent à ses heures, jouant au ballon et au cricket avec fureur ; d’un commerce agréable avec ses compagnons, il ne dédaignait pas, au besoin, de prendre sa part de leurs plaisanteries.

Quand il eut terminé ses études classiques, il aborda, pour complaire à sa famille, celles du droit, qui ne l’attiraient que médiocrement. C’est pendant cette période qu’il aurait, à l’entendre, mené une vie fort désordonnée, « triste mélange de crime et de misère », selon son propre aveu. Alors il fut repris de cette mélancolie dont toute sa vie il sera accablé.

« Jour et nuit, confesse-t-il, j’étais à la torture, me couchant dans l’angoisse, me levant dans le désespoir. » Il essaya, pour dissiper ses tristesses, de plusieurs moyens, composant des prières, des chansons politiques ; traduisant quelques chants de la Henriade, fondant un Club de la Bêtise, et ne réussissant pas à chasser ses sombres idées ; voyageant ou s’amusant tour à tour sans apporter un