Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/214

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Lorsque, dans l’automne de 1837, le mal dont il était depuis longtemps atteint prit une tournure sérieuse et qu’on lui eut conseillé un climat moins rude que celui de Paris, Chopin décida de passer l’hiver à Majorque. George Sand s’offrit à accompagner son « cher malade ». Nous ne voudrions pas gâter la beauté du geste, mais la vérité nous impose de constater qu’à ce moment-là même George Sand était couverte de rhumatismes[1], et que la santé de son fils était gravement compromise ; nous en tenons l’aveu consigné de sa propre plume.

« Mon fils, écrit-elle, que j’avais emmené frêle et malade, reprenait à la vie comme par miracle et guérissait une affection rhumatismale des plus graves, en courant, dès le matin, comme un lièvre échappé dans les grandes plantes de la montagne, mouillé jusqu’à la ceinture. La providence permettait à la bonne nature de faire pour lui ces prodiges : c’était bien assez d’un malade[2]. »

Celui-ci s’obstinait à dépérir « d’une manière effrayante ». Toute la Faculté de Palma l’avait condamné ; seule sa garde-malade s’obstinait à déclarer à tous venants qu’« il n’avait aucune affection chronique ; l’absence de régime fortifiant

  1. Du moins d’après E. Caro, G. Sand. Les Grands Écrivains, Hachette, édit., p. 70.
  2. George Sand, Un hiver à Majorque, Paris, C. Lévy, 1867.