Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

afin de tranquilliser ceux qui le verraient, il y avait fait ajouter un collet de couleur mi majeur ».



HOFFMANN
(Collection de l’auteur)

Cette facilité des associations sensorielles est-elle, comme d’aucuns l’ont avancé, le privilège d’esprits supérieurs, l’explication de leur supériorité ? Il est malaisé d’en décider ; l’hypothèse est assez curieuse, en tout cas, pour mériter d’être relevée au passage, mais elle appelle une vérification étayée sur des observations multipliées.

Pour en revenir au cas particulier d’Hoffmann, il est hors de doute qu’il a présenté avec une sensibilité excessive une émotivité morbide. Cette émotivité allait, suivant les jours, du mysticisme le plus poétique à l’hypocondrie la plus noire. Il en était arrivé à avoir peur de tout : on reconnaît là l’état décrit par Morel et Legrand du Saulle, sous le nom de panophobie et auquel Magnan proposa plus tard de substituer le terme, peut-être plus concert, d’anxiomanie ; cet état où, selon l’expression de Th. Ribot, « l’on a peur de tout et de rien ; où l’anxiété flotte comme dans un rêve et ne se fixe que pour un instant, au hasard des circonstances, passant sans cesse d’un objet à l’autre ». Hoffmann n’éprouvait pas une sensation agréable qui ne s’accompagnât de l’appréhension des conséquences funestes ou dangereuses qu’elle pouvait entraîner à sa suite.