Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/311

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timents extraordinaires. Il prit les jouets en dégoût et commença à rêver. À l’âge de six ans, il avait plaisir à regarder le soleil couchant, l’horizon parsemé de nuages rouges… Il avait soif d’affection, de baisers, de caresses, mais les mains de sa vieille nourrice étaient si rudes !… Sacha était un enfant horriblement gâté et fantasque. » Servantes, nianias, intendants, étaient entièrement à son service : ils avaient l’ordre de se plier à tous ses caprices. On ne réfrénait si ses colères, ni ses instincts de méchanceté native, même s’ils s’exerçaient sur les plantes du parc, qu’il se plaisait à détruire, et sur les malheureuses poules de la basse-cour auxquelles il lui était possible impunément de casser les pattes.

Il confessa plus tard que ses penchants mauvais se seraient certainement développés, si une maladie ne fût venue à propos interrompre le cours de ses fantaisies cruelles. Il eut la rougeole avec des complications qui donnèrent de l’inquiétude à son entourage. « On le sauva, mais cette maladie le laissa dans un état de faiblesse extrême. »

Il n’est pas sans intérêt de noter que cet incident morbide eut une influence assez inattendue sur le caractère et l’esprit de Sacha : « Il prit l’habitude de la réflexion : privé des distractions et des divertissements de son âge, il commença à les chercher en lui-même… Pendant ses insomnies douloureuses, étouffant sur son oreiller brûlant, il s’était accou-