Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/334

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environ un tiers du total des personnages qu’il a mis en scène ! Il y aurait déjà là un attrait pour les hommes de science, mais ils ont bien d’autres motifs à invoquer pour justifier leur curiosité.



Photo Giraudon
DOSTOÏEVSKY

Elle est d’un littérateur, cette remarque, qu’un des chefs-d’œuvre de Dostoïevsky, Crime et Châtiment, est « la plus profonde étude de psychologie criminelle qui ait été écrite depuis Macbeth » ; comment ceux qui se sont voués à l’observation de l’âme humaine pourraient-ils la tenir pour négligeable ? D’ailleurs les spécialistes eux-mêmes le reconnaissent, pas un seul poète n’a fait une description aussi juste et détaillée des criminels que Dostoïevsky. Dans toute la littérature on ne trouve pas de connaissance aussi approfondie du criminel que dans ses ouvrages. Il a fait de l’anthropologie criminelle avant que celle-ci fût constituée en corps de doctrine ; c’est à lui que l’on doit la distinction, dont plus tard devait tant se prévaloir Lombroso, entre les criminels-nés et les criminels d’occasion ; les criminels par passion et les criminels politiques ; enfin les criminels-fous, qu’il a décrits « avec beaucoup de finesse et de profondeur » : à cet égard son Raskolnikoff restera comme un exemplaire typique. Comment s’étonner de cette exactitude, de cette précision, quand on sait que ce sont des tableaux d’après nature que nous restitue le profond psychologue ?