Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/365

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« La montre lui plut si fort, il en eut une envie si furieuse, qu’il ne put se maîtriser. Il prit un couteau et, dès que son ami eut le dos tourné, il s’approcha de lui à pas de loup, visa la place, leva les yeux au ciel, se signa et murmura dévotement cette prière : « Seigneur, pardonne-moi par les mérites du Christ ! » Il égorgea son ami d’un seul coup, comme un mouton, puis lui prit sa montre. »



DANS LA STEPPE
d’après le Magasin pittoresque

C’est encore un impulsif que Stravoguine, des Possédés, un « dégénéré de la plus belle eau », suivant l’expression du Dr Bajenow[1]. « Avant l’âge de vingt-cinq ans, il s’est déjà signalé par des excentricités sauvages : on parlait de gens écrasés par ses chevaux, d’un outrage public qu’il fit à une dame de la bonne société qui fut sa maîtresse. Il avait déjà tué deux ou trois personnes dans des duels où tous les torts se trouvaient de son côté… Il avait appartenu à une société qui rendrait des points au marquis de Sade lui-même, avait épousé (on n’a jamais su pourquoi) une mendiante faible d’esprit, boiteuse… Il clôt le roman par son suicide. »

Mais le texte du romancier est bien autrement suggestif que le commentaire dont nous l’avons fait précéder. Il s’agit toujours de Stravoguine :


« Brusquement, sans rime ni raison, il fit à diverses personnes deux ou trois insolences inouïes. Cela ne ressemblait

  1. Guy de Maupassant et Dostoïevsky. (Archives d’anthropologie criminelle, loc. cit.)