Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/81

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Il ne tenait pas plus compte du sexe que du rang, et se montrait avec les femmes d’une impertinence rare.

« Je suis bien aise, écrivait-il à la duchesse de Queensbury, que vous sachiez votre devoir ; car c’est une règle connue et établie depuis vingt ans en Angleterre que les premières avances m’ont constamment été faites par toutes les dames qui aspiraient à me connaître, et plus grande était leur qualité, plus grandes étaient leurs avances. »

Ce ne sont pas là simples propos humoristiques, c’était un parti-pris bien arrêté.

Un jour qu’il dînait chez le comte de Burlington, Swift (l’anecdote a été maintes fois rapportée) dit, en quittant la table, et s’adressant à la maîtresse de la maison : « Lady Burlington, j’apprends que vous chantez : chantez-moi quelque chose. » Choquée de ce ton, lady fait un signe de refus ; Swift ne s’en obstine que davantage :

— Vous chanterez, sur ma foi ! Quand je commande, j’entends être obéi.

Le comte riait, mais sa femme avait les larmes aux yeux. Afin de ne pas se donner en spectacle à ses invités, elle se retira dans son appartement.

Quand Swift la revit :

— Eh bien ! sommes-nous toujours aussi fière et aussi peu complaisante ?

— Non, monsieur le Doyen, repartit cette fois