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humoriste ! De ce jour-là, Swift fut dispensé de faire la lecture à lady Barkeley.

Si nous avouons trouver plutôt amusante la leçon ainsi donnée à une « snobinette » avant la lettre, nous pardonnerons moins volontiers à Swift son attitude envers Daniel Defoë. Ce n’est pas ici la place de nous étendre sur les événements qui amenèrent l’auteur de Robinson Crusoë, à la suite de la publication d’une brochure de polémique religieuse[1], à subir la peine infamante du pilori ; nous voulons seulement noter qu’à l’encontre d’un sentiment général de protestation « contre l’injustice d’une peine odieuse infligée à un honnête homme qui n’avait fait que défendre sa foi », Swift affectait toujours, en parlant de Defoë, d’avoir oublié son nom et ne le désignait, avec une cruauté dédaigneuse, qu’en l’appelant « l’individu qui a été au pilori ». Menu fait, mais significatif : le malheur ne le désarmait pas.

Swift, on en a fait la remarque, ne fut jamais très tendre pour la plus belle moitié du genre humain ; les flèches qu’il a décochées au sexe prétendu faible ne sont pas plus mouchetées que celles dont il a gratifié le sexe fort.



DEFOË AU PILORI (1703)
(D’après un dessin d’Émile Bayard extrait du Magasin pittoresque)

  1. The shortest way with the Dissenters, or Proposals for the establishment of the Church. Londres, 1702.