Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/123

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plaisir et de la douleur, qui se remarquent dans les traits, dans l’attitude, dans les cris des différens êtres animés, nous font sentir avec eux, compatir à leurs joies et à leurs souffrances, pourvu que d’autres sensations plus fortes ne tournent pas ailleurs notre attention. Si nous sommes susceptibles de partager les affections de toutes les espèces animées, à plus forte raison partageons-nous celles de nos semblables, qui sont organisés pour sentir, à peu de chose près, comme nous, et dont les gestes, la voix, les regards, la physionomie, nous rappellent plus distinctement ce que nous avons éprouvé nous-mêmes. Je parle d’abord des signes pantomimiques, parce que ce sont les premiers de tous, les seuls communs à toute la race humaine. C’est la véritable langue universelle : et, antérieurement à la connoissance de toute langue parlée, ils font courir l’enfant vers l’enfant ; ils le font sourire à ceux qui lui sourient ; ils lui font partager les affections simples dont il a pu prendre connoissance jusqu’alors. À mesure que nos moyens de communication augmentent, cette faculté se développe de plus en plus : d’autres langues se forment ; et bientôt nous n’existons guère