Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/193

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ment sensibles, les impressions intérieures, et même, dans certains cas, les opérations des viscères qui s’y rapportent, deviennent percevables au moyen de l’extrême attention que ces sujets y donnent : et l’on ne peut pas douter que la même chose n’arrivât plus fréquemment, si les objets extérieurs n’occasionnoient de continuelles diversions.

Remarquons donc ici que la sensibilité se comporte à la manière d’un fluide, dont la quantité totale est déterminée, et qui, toutes les fois qu’il se jette en plus grande abondance dans un de ses canaux, diminue proportionnellement dans les autres. Cela devient très-sensible dans toutes les affections violentes, mais sur-tout dans les extases, où le cerveau et quelques autres organes sympathiques jouissent du dernier degré d’énergie et d’action ; tandis que la faculté de sentir et de se mouvoir, tandis que la vie, en un mot, semble avoir entièrement abandonné tout le reste. Dans cet état violent, des fanatiques ont reçu quelquefois impunément de fortes blessures qui, dans l’état naturel, eussent été mortelles, ou très-dangereuses : car la gravité des accidens qui s’ensuivent de l’action des corps sur nos organes, dépend