Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/242

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et forts, du moins relativement, il ne s’ensuit pas non plus que ces mêmes organes aient alors une grande force réelle. Il n’y a pas de doute que les forces motrices sont entretenues par l’influence des forces sensitives ; et quand celles-ci s’éteignent, ou cessent d’agir, celles-là s’éteignent également, ou languissent et s’affaissent. Mais pour que la sensibilité soit une source de vie et d’action, il faut qu’elle s’exerce d’une manière régulière, et suivant l’ordre de la nature. Des impressions trop vives et trop multipliées, altèrent, usent, ou appauvrisent singulièrement l’énergie musculaire. Les hommes très-sensibles sont foibles en général : non que leur sensibilité tienne toujours à la foiblesse de leurs organes ; mais parce que le principe même des mouvemens, la cause nerveuse qui les détermine, employée avec excès dans cette réaction que nous avons dit être nécessaire pour sentir, ne sauroit s’appliquer à celle qui l’est plus évidemment encore pour exécuter les mouvemens.

Chez ces hommes donc, les mouvemens sont vifs et précipités ; mais ils n’ont pas une énergie stable. La précipitation devient telle quelquefois, qu’ils vivent dans un état