Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/267

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peu la philosophie des causes finales ; car on ne voit pas trop à quoi bon cet appareil si sensible, dans une partie destinée aux plus fortes pressions, et qui doit porter tout le poids du corps.

D’après cela, l’on ne sera point étonné que le tact, qui d’ailleurs est le sens le plus sûr, parce qu’il juge des conditions les plus simples, ou les plus saillantes des objets, et qu’il s’applique sur eux, immédiatement et par toutes leurs faces, ne soit pas cependant celui qui a le plus de mémoire, ou dont les impressions laissent les traces les plus nettes, et se rappellent le plus facilement. Je parle ici de l’état ordinaire : car l’on sait, d’après beaucoup d’exemples, qu’une culture particulière peut donner au tact, autant de mémoire et d’imagination qu’à la vue elle-même. Quelques amateurs de sculpture jugent mieux de la beauté des formes par la main que par l’œil. Le sculpteur Ganibasius ayant perdu la vue, ne renonça point à son art : en touchant des statues, ou des corps vivans, il savoit en saisir les formes ; il les reproduisoit fidèlement : et l’on voit tous les jours des aveugles qui se rappellent et se peignent vivement tous les objets, par des