Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/273

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prennent leur source les plaisirs les plus vifs accordés à la nature sensible. Dans l’enfance, l’influence de l’odorat est presque nulle ; dans la vieillesse, elle est foible : son époque véritable est celle de la jeunesse, celle de l’amour.

On a remarqué que l’odorat avoit peu de mémoire : la raison en est simple. En général, ses impressions ne sont pas fortes ; et elles ont peu de constance. Lorsqu’elles sont fortes, elles émoussent promptement la sensibilité de l’organe : lorsqu’elles ont quelque constance, elles cessent bientôt d’être apperçues. Leur cause, qui nage dans l’air, s’applique aux extrémités nerveuses d’une manière fugitive et diffuse. Elles laissent donc peu de traces, si ce n’est lorsque certaines particules odorantes, plus énergiques, restent embarrassées dans les mucosités de la membrane pituitaire. Mais alors, comme je viens de le dire, on ne les remarque pas long-temps. Enfin, sans parler des périodes de temps, ou des intervalles pendant lesquels l’odorat est dans une espèce d’engourdissement, il est aisé de voir que, par la nature même de ses impressions, il ébranle plutôt le système nerveux qu’il ne le rend attentif : qu’on doit par conséquent, plutôt