Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

possible qu’elle ne les rende pas incomplètes : car leur perfection tient sur-tout à la liberté des mouvemens qui les produisent, ou qui les accompagnent ; et leur trace n’est forte et durable, qu’autant qu’elles sont elles-mêmes vives, nettes et profondes.

Et si, d’autre part, la grande variété des objets multiplie et diversifie les impressions, elle les rend aussi, par là même, foibles et confuses : leur souvenir, auquel d’ailleurs l’influence d’une entière nouveauté ne donne plus cette vivacité native, exclusivement réservée au premier âge, n’a pas le temps de se graver profondément dans le cerveau ; elles n’y laissent que des empreintes, en quelque sorte, équivoques, et dont la durée dépend de celle du système d’idées et d’affections auxquelles on est alors livré.

Ainsi donc, au moment où le besoin de recevoir et de combiner des impressions nouvelles, cesse de se faire sentir ; au moment où, pour ainsi dire, aucun objet n’excite plus la curiosité des organes, ni celle d’un esprit rassasié, l’on doit voir, et l’on voit en effet, les souvenirs s’effacer dans l’ordre inverse où les impressions ont été reçues, en commençant par les plus récentes, qui sont les