Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nature des désirs qu’il ose former l’étonne lui-même, que la défiance de leur succès le déconcerte. Dans la jeune fille, ce même besoin fait naître un sentiment ignoré jusqu’alors ; la pudeur, qu’on peut regarder comme l’expression détournée des désirs, ou le signe involontaire de leurs secrètes impressions : il développe un ressort qui ne s’est fait encore sentir qu’imparfaitement ; la coquetterie, dont les effets sembleroient d’abord destinés à compenser ceux de la pudeur, mais qui véritablement sait tout ensemble, leur prêter et en tirer à son tour une puissance nouvelle. Qui ne connoît enfin l’état de rêverie mélancolique, où la puberté plonge également les deux sexes, et le système d’affections, ou d’idées qu’elle développe presque subitement ? Ces phénomènes suffiroient déjà pour montrer l’influence des organes de la génération sur le moral : d’autres phénomènes la prouvent d’une manière peut-être plus évidente encore.

Indépendamment des affections, ou des idées qui se rapportent aux fonctions particulières de ces organes, l’époque qui nous occupe produit souvent une révolution complète dans les habitudes de l’intelligence. Ce