Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/511

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sitation et de réserve : les sentimens sont réfléchis, les volontés ne semblent aller à leur but que par des détours. Ainsi, les appétits, ou les désirs du mélancolique, prendront plutôt le caractère de la passion que celui du besoin ; souvent même le but véritable semblera totalement perdu de vue : l’impulsion sera donnée avec force pour un objet ; elle se dirigera vers un objet tout différent. C’est ainsi, par exemple, que l’amour, qui est toujours une affaire sérieuse pour le mélancolique, peut prendre chez lui, mille formes diverses qui le dénaturent, et devenir entièrement méconnoissable pour des yeux qui ne sont pas familiarisés à le suivre dans ses métamorphoses. Cependant le regard observateur sait le reconnoître par-tout : il le reconnoît dans l’austérité d’une morale excessive, dans les extases de la superstition, dans ces maladies extraordinaires qui jadis constituoient certains individus de l’un et de l’autre sexe, prophètes, augures, ou pythonisses, et qui n’ont pas encore entièrement cessé d’attirer autour de leurs trétaux, le peuple ignorant de toutes les classes : il le retrouve dans les idées et les penchans qui paraissent le plus