Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/57

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besoins, les lois de l’équilibre et du mouvement, long-tems avant d’avoir la plus légère notion des principes de la mécanique. Ainsi, pour marcher, pour entendre, pour voir, ils n’ont pas attendu de connoître les muscles des jambes, les organes de l’ouïe et de la vue. De même, pour raisonner, ils n’ont pas attendu que la formation de la pensée fût éclaircie, que l’artifice du raisonnement eût été soumis à l’analyse.

Cependant les voilà déjà bien loin des premières déterminations instinctives. Du moment que l’expérience et l’analyse leur servent de guide, du moment qu’ils exécutent et répètent quelques travaux réguliers, ils ont formé des jugemens, ils en ont tiré des axiomes. Mais leurs axiomes et leurs jugemens se bornent encore à des objets isolés, à des points d’une utilité pratique directe. Pressés par le besoin présent, ils ne portent point leur vue dans un avenir éloigné : leurs règles n’embrassent que quelques opérations partielles ; et les progrès importans sont réservés pour les époques où des règles plus générales embrasseront un art tout entier.

Tant que la subsistance des hommes n’est pas assurée, ils ont peu de temps pour réflé-