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II

réponse de démophon a phyllis.

C’est de sa ville natale que Démophon écrit à Phyllis, et Démophon n’a pas oublié qu’il lui doit sa patrie. Il n’a brûlé que Pour Phyllis, il n’a désiré qu’elle pour épouse, et il est maintenant moins heureux qu’il ne le fut près d’elle.

O ma chère Phyllis, les infortunes de Thésée, que tu craignais à tort d’avoir pour beau-père, auraient-elles ébranlé ton amour ?... Quelle honte pour moi !... Un étranger l’a chassé de son trône. Voilà le terme où l’a conduit une longue vieillesse, lui qui, naguère digne émule du grand Alcide, vainquit les Méotides armées de boucliers, lui qui força Minos, son redoutable ennemi, a devenir son beau-père, Minos, qu'avait frappé d’étonnement la fuite du monstre issu de son sang.

Qui le croirait ? on m'accuse d’avoir été la cause de son exil, et mon frère ne me laisse pas libre de me justifier ou de me taire. « Tandis que tu pressais ton mariage avec ta chère Phyllis, médit-il, tandis que tu fixais tes feux auprès d’une étrangère, le temps a fui d'une aile rapide, et le jour du deuil a devancé ton retour. Si tu n’as pu prévenir ce désastre, tu peux, du moins le réparer. Quel charme trouves-tu donc dans le royaume de Thrace, pour préférer une maîtresse à ta patrie ? » Telles sont les vives remontrances d'Acamas ; tels sont aussi les reproches d'Éthra, qui touche à la fin de sa triste carrière ; elle craint que ses petits-fils nie lui ferment point les yeux, et