Page:Cabaret-Dupaty - Poetae minores, 1842.djvu/29

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Mais peut-être, Phyllis, crains-tu que les Thraces, dédaignés, ne refusent ta main. Cruelle, pourrais-tu donc chercher parmi eux un époux ? Aurais-tu le courage d'agréer leurs feux ? Ne craindrais-tu pas qu’on ne te reprochât ta perfidie ? Oh ! quels seraient ta honte et tes regrets, quand tu apercevrais au loin mes voiles ! combien tu condamnerais alors, mais trop tard, tes soupçons téméraires ! « Hélas ! dirais-tu, Démophon m’était resté fidèle ; Démophon m’est revenu après avoir essuyé peut-être la fureur des vents et le courroux des flots. Hélas ! pourquoi me suis-je hâtée de le supposer coupable ? O douleur ! je l’accusais d’inconstance, et j’ai trahi sa foi ! »

Persiste dans ta résolution, Phyllis, si tu veux que plus tard je ne sois pas pour toi un, sujet de douleur.... De quel lacet, malheureuse ! de quelle mort me parles-tu ? Les dieux de la Thrace ne sont déjà ; que trop barbares. Grâce ! je t'en supplie, cruelle, n’accable pas d’une flétrissure nouvelle ma famille déjà connue par ses perfidies. Ariane abandonnée peut, en partie, excuser mon père. Non, je ne mérite pas d’être appelé coupable.

Maintenant, que les vents qui ont amené mon, navire emportent ma lettre. Mon cœur est près de toi ; mais un motif sacré me retient ici.

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