Page:Cabaret-Dupaty - Poetae minores, 1842.djvu/35

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de Junon et de Pallas, pour m’être prononcé en faveur de la déesse de Cythère. Vénus enflamme soudain les cœurs d’une ardeur mutuelle, et tempère, à son, gré, les feux de son fils. Cependant elle n'a pu se garantir elle-même de ses propres traits : son sein a été cruellement percé des flèches qu'elle lançait aux autres. Son époux la surprit avec Mars, et s'en plaignit amèrement à Jupiter, en présence de tous les dieux. Mars indigné abandonna la terre. Vénus choisit alors un mortel pour amant : c'est pour Anchise qu'elle voulut être belle. Ainsi fut vengée l'injure faite aux deux autres déesses. Faut-il donc s'étonner que Pâris ait succombé à l'amour, quand Vénus n’a pu s'y dérober elle-même ? Je me suis attaché librement à la femme qu'idolâtre Ménélas, et elle a spontanément accompagné un homme libre.


Mais, je le prévois, son enlèvement va m'attirer une guerre formidable : déjà mille vaisseaux se dirigent sur Pergame. Eh ! qui oserait blâmer de tels apprêts ? La beauté d'Hélène mérite bien que les rois s'arment pour elle. Si tu en doutes, regarde les Atrides ; ils ont déjà le glaive en main. Qu'ils la réclament donc à force ouverte ; mon bras saura la protéger.

Si tu te flattes de pouvoir changer son cœur, que n'as-tu recours à tes philtres et à tes enchantements ? Nul n'est plus savant que toi dans l'art d'Apollon, et tu sais interpréter les songes que nous envoie Diane. Je me souviens d'avoir obscurci avec toi la lumière des astres en dérobant la lune au ciel. Un jour je fus surpris de voir errer,