Page:Cabaret-Dupaty - Poetae minores, 1842.djvu/57

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CORYDON.

J'irai partout où tu voudras, Ornitus ; car ma chère Leucé, en me refusant les joyeuses étreintes de la nuit, m’a rendu accessible le sanctuaire de Faune.

ORNITUS.

Prends donc tes pipeaux, et joue les airs que tu tiens en réserve ; je l'accompagnerai de la flûte que l'adroit Lygdon m'a faite dernièrement avec un solide roseau.... Nous voici arrivés la l'ombrage que nous cherchions.... Mais que signifient les caractères sacrés que la serpe d'un inconnu vient de tracer rapidement sur ce hêtre ?

CORYDON.

Vois-tu comme les lettres, loin d’entr'ouvrir leurs sillons desséchés, conservent encore leur verte fraîcheur ? Approche davantage, Ornitus ; tu pourras lire plus vite les vers gravés sur l'écorce : car ton père t'a gratifié d'assez longues jambes, et ta mère n'a rien épargné pour te hausser la taille.

ORNITUS.

Ce n'est ni un pâtre ni un poète de carrefour, mais Pan lui-même qui a fait ces vers. Ils n'ont rien de grossier ; ils ne sont coupés par aucune exclamation, co1mne les airs de nos montagnes.

CORYDON.

Tu m'étonnes ; mais hâte-toi de me lire sans interruption ces vers divins.

ORNITUS.

« Fils du ciel, protecteur des forêts et des montagnes, moi Faune, voici l'avenir que j’annonce aux nations ; c’est sur l’arbre qui m'est consacré que je me plais à inscrire ces vers heureux qui présagent leur destinée :