Page:Cabaret-Dupaty - Poetae minores, 1842.djvu/61

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les avantages de la paix à des vainqueurs fumants de carnage, encore imbus de l'esprit guerrier de Romulus, et qui avait ordonné que le son des trompettes ne retentit qu'au milieu des sacrifices, loin du tumulte des camps et du fracas des armes. Les consuls n'achèteront plus un vain fantôme d'honneur ; ils ne porteront plus des faisceaux sans hache, et n'enchaîneront plus la voix de la justice devant les tribunaux impuissants. Thémis va reparaître dans toute sa gloire, et rendre au barreau ses usages et son ancien appareil. Un dieu propice guérira les plaies d'un siècle désastreux.

« Faites éclater votre joie, peuples qui habitez les basses régions du midi et les hautes régions du nord ; vous aussi, nations de l'aurore et du couchant, et vous que brûlent les feux de l'équateur. Voyez-vous la vingtième nuit resplendir encore par un ciel serein ? Voyez-vous la paisible comète projeter ses flammes rayonnantes et agiter sa pure lumière sans funeste présage ? Embrase-t-elle, selon sa coutume, l'un et l'autre pôle de ses rouges clartés ? Fait-elle jaillir de son foyer une pluie de sang ? Il n'en fut pas ainsi jadis, lorsque, à la mort de César, elle annonça de fatales guerres aux infortunés citoyens. Oui, sans doute, un dieu soutiendra si puissamment de ses bras invincibles le fardeau de l'État, que le bruit de la transmission de l'empire n’ébranlera point l'univers, et que Rome n'admettra les morts illustres parmi ses Pénates, que lorsque le lever d'un astre annoncera le coucher d’un autre. »

CORYDON.

Ornitus, j'éprouve depuis longtemps une religieuse terreur ; mais cette crainte est mêlée de joie. Adorons la bienfaisante puissance du dieu Faune.

ORYNITUS.

Chantons les vers que ce dieu nous offre lui-même,