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Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/64

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ce qu’on pourrait acheter dans le Zacatin. Quant au bazar moresque, s’il est entier et très intéressant par sa conservation, il est par son abandon et sa solitude, plus triste qu’un cimetière.

Et à ce propos, ai-je parlé des cimetières espagnols, au cours de cette rapide excursion dans la péninsule ? Non pas ; ils ont pourtant leur caractère… Et fasse le ciel qu’ils ne reçoivent point ma dépouille !

Tout autour du champ des morts, dans les murs, sont pratiquées des alvéoles longues et profondes ; c’est là-dedans qu’on range les cercueils, comme dans le columbarium antique on rangeait les urnes. Chaque famille a son casier, son tiroir, son alvéole, comme on voudra ; cela s’appelle, je crois, le putridero.

Là, les morts sont enfournés à mesure qu’ils arrivent : après chaque enfournement on bouche l’alvéole avec du plâtre ; à chaque nouvel arrivant on brise le plâtre pour dégager l’issue et laisser passer le cercueil neuf…

Cercueil superbe d’ailleurs ! peint, doré, capitonné, si le mort est riche ou adoré des siens. Voir à Madrid, dans toutes les rues commerçantes, les boutiques où l’on vend ces jolis cercueils, comme chez nous on vend des modes ou de la tabletterie !

Mais laissons les cimetières et les cercueils, et retournons à l’Alhambra pour le voir la nuit par un beau clair de lune — et le revoir le jour par un beau soleil !

Puis repartons, le temps presse et nous avons encore à voir Cordoue.



VIII

CORDOUE, LA MOSQUÉE, LA VILLE, L’ESPAGNE DU PASSÉ ET L’ESPAGNE D’AUJOURD’HUI.


De Grenade à Cordoue, par les voies rapides, on met la moitié d’une nuit et la moitié d’une journée.

Cordoue, qui était la capitale des Mores au temps où ils étaient maîtres de l’Espagne, comptait, dit la tradition, deux