Page:Cahier de la quinzaine, série 8, cahier 11, 1907.djvu/46

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sophie, ne sont très généralement que des transpositions en langage moderne de théories antiques ou anciennement modernes et quelquefois chrétiennes. Et celui qui croit qu’elles sont entièrement modernes, ou, comme ils disent, intégralement, c’est qu’ils ne se méfient pas des transpositions et qu’ils ne connaissent point les langages et qu’ils n’ont pas appris à distinguer ce qui vient, dans une différence, totale, de la différence de langage, et de la différence de la réalité.

Pour moi personnellement je me fais fort et je me chargerais, pourvu que j’eusse trente ou quarante ans devant moi, et que l’on voulût bien me rendre mon premier clerc, de répéter dans toutes ces théories modernes ou prétendues telles et d’en sortir notamment tant de théories antiques, — transposées ? — à peine ; de dire : ceci est proprement atomistique ; et : ceci au contraire est proprement éléatique ; ceci vient des Pythagoriciens ; mais : ceci vient d’Aristote et n’est point platonicien. Toute la différence qu’il y a, c’est que c’était généralement beaucoup plus intelligent dans les anciens que dans nous, plus subtil et plus avisé, plus délié, en un mot plus odysséen, parce qu’ils étaient les Hellènes antiques, parce qu’ils étaient Thalès et Pythagore, Aristote et Platon, et Plotin, comme ils étaient Homère, — je dis Homère, — comme ils étaient Sophocle, comme ils étaient Eschyle, comme ils étaient Phidias, et que nous, autres, tout Français que nous soyons, nous ne sommes que de pauvres modernes.

Et ils faisaient des théogonies et des mythologies comme ils faisaient des métaphysiques et des philosophies. Et ils faisaient des métaphysiques et des philosophies, même quand ils disaient et faisaient le