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ments, par les communes ; et quelquefois par un généreux donateur. C’étaient généralement des maisons fort propres, et qui en tout cas valaient beaucoup mieux pour les enfants que la boue du ruisseau. Et que le ruisseau de la rue. Il faut avouer que dans ce temps-là, elles, (ces folies scolaires), avaient en effet l’air un peu insolent. Non point parce qu’elles étaient somptueuses. On mettait ça dans les journaux, qu’elles étaient somptueuses. Elles étaient simplement propres ; et décentes. Mais parce qu’elles étaient un peu trop voyantes. Elles avaient poussé un peu trop partout à la fois. Et peut-être un peu trop vite. On les avait trop mis en même temps. Et celles qu’on voyait, on les voyait trop. Elles étaient trop blanches, trop rouges, trop neuves. Quarante ans sont passés sur ces coins de la terre. Un simple voyage à Orléans vous convaincrait sans peine qu’aujourd’hui tous ces bâtiments scolaires sont comme nous : ils ne sont pas trop voyants.

Par quel recroisement fallut-il que ce fut dans le vieux faubourg, à trois ou quatre cents mètres de la maison de ma mère, peut-être à moins, car j’avais les jambes courtes, qu’on venait d’achever ce palais scolaire qu’était alors l’École Normale des instituteurs du Loiret. À sept ans on me mit à l’école. Je n’étais pas près d’en sortir. Mais enfin ce n’était pas tout à fait de ma faute. Et les suites non plus ne furent sans doute point tout à fait de ma faute.

On me mit à l’École Normale. Ce ne devait pas être la dernière fois. Cela signifiait cette fois-là qu’on me fit entrer dans cette jolie petite école annexe qui demeurait dans un coin de la première cour de l’École Normale, à droite en entrant, comme une espèce de nid rectangu-

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