Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°5-8, 1913.djvu/165

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socialiste. Ils ne se sont pas débarrassés de l’ancien esprit politique socialiste, qui était éminemment un esprit bourgeois, nullement un esprit peuple. À première vue il peut sembler qu’il y a beaucoup plus de véritables ouvriers dans le personnel socialiste syndicaliste que dans le personnel politique socialiste, qui lui est pour ainsi dire entièrement composé de bourgeois. Et c’est vrai si on veut, si on procède, si on veut voir, si on veut compter par les méthodes superficielles d’un recensement sociologique. Ce n’est vrai qu’en apparence. En réalité ils sont encore infiltrés, et infectés, d’éléments intellectuels purs, purement bourgeois. Et surtout le très grand nombre d’ouvriers qu’on y voit ne sont pas réellement des ouvriers, ne procèdent pas réellement, directement du peuple, purement de l’ancien peuple. Ce sont en réalité des ouvriers de deuxième zone, de la deuxième formation, des ouvriers embourgeoisés, (les pires des bourgeois), des ouvriers si je puis dire endimanchés dans de la bourgeoisie, des intellectuels aux entournures, les pires des intellectuels, des ouvriers avantageux, encore plus sots, s’il est possible, que les bourgeois leurs modèles et que les intellectuels leurs maîtres, des malheureux non seulement pourris d’orgueil mais entravés dans un orgueil gauche, embarbouillés dans des métaphysiques où alors ils ne comprennent plus rien du tout, des ouvriers avantageux, coupés de leur peuple, abtronqués de leur race, pour tout dire d’un mot des malheureux qui font le malin.

On ne saurait trop le redire. Tout ce monde-là est jauressiste. C’est-à-dire qu’au fond tout ce monde-là est radical. C’est-à-dire bourgeois. C’est partout la même démagogie ; et c’est partout la même viduité ; l’une por-

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