Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°5-8, 1913.djvu/178

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l’argent


savions le catéchisme. Nous n’avons oublié ni l’un ; ni l’autre. Mais il faut en venir ici à un phénomène beaucoup moins simple. Je veux parler de ce qui s’est passé en nous pour ces deux métaphysiques, puisqu’il est entendu qu’il faut bien qu’il y ait une métaphysique dessous tout. Je l’ai assez dit, du temps que j’étais prosateur.

Nous venons ici à une difficulté extrême, à un point de difficulté. C’est le moment de ne point esquiver les difficultés, surtout celle-ci qui est importante. C’est le moment aussi de prendre ses responsabilités.

Tout le monde a une métaphysique. Patente, latente. Je l’ai assez dit. Ou alors on n’existe pas. Et même ceux qui n’existent pas ont tout de même, ont également une métaphysique. Nos maîtres n’en étaient pas là. Nos maîtres existaient. Et vivement. Nos maîtres avaient une métaphysique. Et pourquoi le taire. Ils ne s’en taisaient pas. Ils ne s’en sont jamais tus. La métaphysique de nos maîtres, c’était la métaphysique scolaire, d’abord. Mais c’était ensuite, c’était surtout la métaphysique de la science, c’était la métaphysique ou du moins une métaphysique matérialiste, (ces êtres pleins d’âme avaient une métaphysique matérialiste, mais c’est toujours comme ça), (et en même temps idéaliste, profondément moraliste et si l’on veut kantienne), c’était une métaphysique positiviste, c’était la célèbre métaphysique du progrès. La métaphysique des curés, mon Dieu, c’était précisément la théologie et ainsi la métaphysique qu’il y a dans le catéchisme.

Nos maîtres et nos curés, ce serait un assez bon titre pour un roman. Nos maîtres laïques avaient un certain enseignement, une certaine métaphysique. Nos maîtres

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