Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/102

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§. — Une seule exception se présenterait peut-être, si l’on ne savait que cette exception ne signifie jamais rien, parce que c’est un peuple qui est toujours et en tout une exception. Les Juifs depuis la dispersion paraissent présenter un exemple, et le seul, d’une race spirituelle poursuivie, prolongée, poussée sans le soutien d’une armature temporelle et particulièrement militaire, sans le soutien d’un État et particulièrement d’une armée.

§. — Il est peut-être vrai. Que la race d’Israël ait poursuivi sa destination sans armature et particulièrement sans armature militaire. Et que depuis la dispersion nul soldat n’ait mesuré la terre à l’esprit de cette race. Mais premièrement l’effrayante marque et l’effrayante destination spirituelle de cette race et je dirai son effrayante marque et son effrayante destination théologique est telle qu’on en chercherait vainement une autre qui lui soit comparable même de loin. Cette dévoration d’inquiétude et cette vocation de trouble et cette élection d’infortune. Il y a quelque chose de si évidemment unique dans la destination du peuple d’Israël qu’il ne serait point étonnant qu’il eût poussé jusqu’à n’avoir point besoin d’un berceau temporel et pour dire le mot jusqu’à ce que son esprit n’eût pas besoin d’un corps. Mais quand on les connaît bien, et quand on les voit pousser parmi les peuples, et de géné-

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