Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/117

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l’argent suite


débattons la question de savoir s’il y a de l’histoire ou s’il n’y en a pas, mais le peuple sait très bien qu’il y a l’histoire, puisqu’on la lui apprend ; et qu’elle est sur les programmes). Le peuple écoute M. Seignobos ce qu’il est officiellement, comme il est lui-même sur les programmes. Le peuple ne sait pas quel enfant gâté nous avions fini par faire de notre maître.

§. — Quand M. Seignobos officiellement et publiquement se porte garant qu’il n’y aura pas la guerre, il perd certainement de vue que le métier de l’historien dans la République ce n’est pas de prédire l’avenir, c’est de prédire le passé. Et encore ils s’y prennent tellement mal pour prédire le passé, et ils y réussissent évidemment si peu qu’ils feraient un peu mieux d’essayer de se reconnaître dans leur domaine, plutôt que de vouloir empiéter sur le domaine réservé.

§. — On voudrait aussi que M. Seignobos prédît le présent avec un peu plus d’exactitude, qu’il n’affirmât point en ce moment, qu’il ne déclarât point ex officio et si je puis dire ex cathedra, (puisque la tribune des meetings leur est devenue une sorte de chaire, de chaire professorale, de chaire magistrale), qu’en ce moment-ci et depuis quelques années et pour ces quelques années qui viennent l’Allemagne n’accroît aucunement ni ses armements ni ses effectifs. Parce qu’il se rend ainsi la risée de tout le monde. Et nous qui le connaissons nous

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