Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/170

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à sa vocation de chrétienté, et à sa vocation de liberté. La France n’est pas seulement la fille aînée de l’Église, (et ceci apparaît constamment et avec une fidélité surprenante) ; elle a aussi dans le laïque une sorte de vocation parallèle singulière, elle est indéniablement une sorte de patronne et de témoin, (et souvent une martyre), de la liberté dans le monde. Dans le chrétien, dans le sacré elle a la garde de la foi ; et peut-être encore plus de la charité ; et certainement encore plus de l’espérance. Et il apparaît tous les jours indéniablement qu’elle est la fille aînée. Mais dans le laïque, (je ne dis pas dans le profane), dans le laïque et peut-être dans une autre sorte de sacré, dans le civique, dans un sacré de la loi extérieure, il est indéniable qu’elle a la garde de cette liberté qui est la condition même de la grâce, qui a avec la grâce une parenté si profonde, une liaison si singulière et si obstinément mystérieuse. Telle est notre double charge. Telle est notre double garde. Et il est évident que nous y sommes constamment demeurés fidèles et nous savons bien que nous y demeurerons fidèles. Et nous savons bien pourquoi nous sommes quelquefois fatigués. Mais quand ces hommes trahissent la France et dans la France la République j’ai le droit de dire qu’ils ne trahissent pas seulement la France, j’ai le droit de dire qu’ils trahissent la Révolution même et la liberté. Car tant qu’ils peuvent ils s’efforcent d’annuler le seul point d’appui temporel de la liberté dans le monde.

§. — Brochant sur le tout ils trahissent enfin tout

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