Page:Cahiers de la Quinzaine, 4e série, n°5, 1902.djvu/100

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sur ma personne et sur mes œuvres. Ah ! si l’on savait combien mes amis s’égayent de la légende stupéfiante dont on amuse les foules ! Si l’on savait combien le buveur de sang, le romancier féroce, est un digne bourgeois, un homme d’étude et d’art, vivant sagement dans son coin, et dont l’unique ambition est de laisser une œuvre aussi large et aussi vivante qu’il pourra ! Je ne démens aucun conte, je travaille, je m’en remets au temps et à la bonne foi publique pour me découvrir enfin sous l’amas des sottises entassées.

Émile Zola

Paris, premier janvier 1877.

Une Page d’Amour, édition complète en un volume, 406 pages ;

NOTE

Je me décide à joindre à ce volume l’arbre généalogique des Rougon-Macquart. Deux raisons me déterminent.

La première est que beaucoup de personnes m’ont demandé cet arbre. Il doit, en effet, aider les lecteurs à se retrouver, parmi les membres assez nombreux de la famille dont je me suis fait l’historien.

La seconde raison est plus compliquée. Je regrette de ne pas avoir publié l’arbre dans le premier volume de la série, pour montrer tout de suite l’ensemble de mon plan. Si je tardais encore, on finirait par m’accuser de l’avoir fabriqué après coup. Il est grand temps d’établir qu’il a été dressé tel qu’il est en 1868, avant que j’eusse écrit une seule ligne ; et cela ressort clairement de la lecture du premier épisode, la Fortune des Rougon, où je ne pouvais poser les origines de la famille, sans arrêter avant tout la filiation et les âges. La difficulté était d’autant plus grande, que je mettais face à face quatre générations, et que mes personnages s’agitaient dans une période de dix-huit années seulement.

La publication de ce document sera ma réponse à ceux qui m’ont accusé de courir après l’actualité et le scandale. Depuis 1868, je remplis le cadre que je me suis imposé, l’arbre généalogique en marque pour moi les grandes