Page:Cahiers de la Quinzaine, 4e série, n°5, 1902.djvu/115

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m’acceptait et ne tolérait ma bataille littéraire. La Russie, dans une de mes terribles heures de gêne et de découragement, m’a rendu toute ma foi, toute ma force, en me donnant une tribune et un public, le plus lettré, le plus passionné des publics. C’est ainsi qu’elle m’a fait, en critique, ce que je suis maintenant. Je ne puis en parler sans émotion et je lui en garderai une éternelle reconnaissance.

Ce sont donc ici des articles de combat, des manifestes, si l’on veut, écrits dans la fougue même de l’idée, sans aucun raffinement de rhétorique. Ils devaient passer par une traduction, ce qui m’enlevait toute préoccupation de la forme. Ma première idée était de les récrire, avant de les publier en France. Mais, en les relisant, j’ai compris que je devais les laisser avec leurs négligences, avec le jet de leur style de géomètre, sous peine de les défigurer. Les voilà donc, tels qu’ils me sont revenus, encombrés de répétitions, lâchés souvent, ayant trop de simplicité dans l’allure et trop de sécheresse dans le raisonnement. Des doutes me prennent, peut-être trouvera-t-on là mes meilleures pages ; car je suis plein de honte, lorsque je pense à l’énorme tas de rhétorique romantique, que j’ai déjà derrière moi.

ÉMILE ZOLA

Médan, septembre 1880.

Ce volume contient :

Du roman expérimental ;

Lettre a la Jeunesse ;

Le Naturalisme au Théâtre ;

L’Argent dans la littérature ;

Du Roman. — Le sens du réel ;

Du Roman. — L’expression personnelle ;

Du Roman. — La formule critique appliquée au roman ;

Du Roman. — De la description ;