Page:Cahiers de la Quinzaine, 4e série, n°5, 1902.djvu/132

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volumes, l’auteur n’a pas perdu de vue que, pour avoir un intérêt véritable, son livre devait respecter, non seulement le fond, mais la forme même de l’œuvre si considérable d’Émile Zola. Aussi trouvera-t-on ici certaines tournures caractéristiques, des phrases entières, jusqu’à des alinéas complets, puisés dans le texte du grand écrivain. Mais toute pensée de plagiat doit être écartée, puisque l’unique et très mince mérite auquel prétende l’auteur consiste, non dans l’évocation de cette foule vivante et agissante, mais dans sa simple mise en ordre, dans son classement alphabétique.

Conçu il y a trois ans, alors que Zola proscrit, outragé dans les siens, presque déchu de la qualité de citoyen français, attendait dans un silence voulu et douloureux l’heure de la justice, ce travail n’était pas destiné à la publicité ; il devait être offert à l’auteur des Rougon-Macquart en un exemplaire unique, comme l’hommage tout personnel d’un passant, d’un admirateur inconnu. Mais, après examen, on a pensé que le public et le monde littéraire accueilleraient avec faveur cette sorte de table analytique, véritable annexe utile à tous ceux qui, désormais, voudront étudier rationnellement l’« Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ». Si, en effet, le Docteur Pascal est la conclusion scientifique de cette œuvre immense, s’il résume en larges traits la vie d’Adélaïde Fouque et de ses descendants jusqu’à la quatrième génération, il laisse volontairement de côté tout ce qui gravite autour d’eux, les mille autres personnages créés par Zola, véritable monde où s’agite toute l’humanité.

Qu’on lise avec soin cette nomenclature, qui commence à la petite brunisseuse Adèle pour finir à Zoé la proxénète. On y trouvera la vie contemporaine, avec ses beautés, ses hontes et ses angoisses. Des prêtres comme Faujas, des juges comme Denizet ou Delcambre, des politiciens comme Huret ou le baron Gouraud, des fonctionnaires arrivistes comme Léon Josserand ou sceptiques comme Camy-Lamotte, des militaires comme le colonel Jobelin ou le général Bourgain-Desfeuilles, justifient par leur mentalité tout le