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LES RÉCENTES ŒUVRES DE ZOLA

raence par le Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham ;

« Abraham engendra Isaac. Isaac engendra Jacob. Et Jacob engendra Judas et ses frères.

« Et Judas engendra de Thamar Pharès et Zara. Et Pharès engendra Esron. Et Esron engendra Aram… » Ceci aussi est du classique.

Fécondité est le livre de la génération de Mathieu. Pierre Froment, le Pierre Froment de Lourdes, de Rome et de Paris, « avait eu de sa femme Marie quatre fils, Jean l’aîné, puis Mathieu, Marc et Luc ».[1]

Nous avons lu Fécondité en feuilletons dans l’Aurore. Par une harmonie merveilleuse, coname l’auteur avait écrit au loin, s’interrompant pour lire les journaux de France, ainsi nous avons lu au loin, nous interrompant pour lire les nouvelles de Rennes. Et, sans vouloir en faire un moyen d’art, les ajournements successifs du feuilleton donnèrent aux recommencements successifs du roman une singulière perspective, agrandie encore par l’importance des événements réels intercalaires. Quand nous arrivâmes à la fin, il y avait vraiment de très longs jours et de très longues années que Mathieu Froment s’était installé avec sa femme dans le petit pavillon à la lisière des bois.

De jour en jour attendant la suite au lendemain, nous donnions cours aussi au secret espoir que nous avions formé, que Mathieu deviendrait socialiste, que ce livre serait l’évangile du socialisme. Car nous n’éprouvons aucune fausse honte à constater le socialisme partout

  1. Fécondité, page 4.
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