Page:Cahiers de la Quinzaine, 4e série, n°5, 1902.djvu/86

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les juifs ? Le joli de l’histoire est qu’il était justement antisémite. Oui ! nous assistons à ce spectacle infâme, des hommes perdus de dettes et de crimes dont on proclame l’innocence, tandis qu’on frappe l’honneur même, un homme à la vie sans tache ! Quand une société en est là, elle tombe en décomposition.

Voilà donc, monsieur le Président, l’affaire Esterhazy : un coupable qu’il s’agissait d’innocenter. Depuis bientôt deux mois, nous pouvons suivre heure par heure la belle besogne. J’abrège, car ce n’est ici, en gros, que le résumé de l’histoire dont les brûlantes pages seront un jour écrites tout au long. Et nous avons donc vu le général de Pellieux, puis le commandant Ravary, conduire une enquête scélérate d’où les coquins sortent transfigurés et les honnêtes gens salis. Puis, on a convoqué le conseil de guerre.

Comment a-t-on pu espérer qu’un conseil de guerre déferait ce qu’un conseil de guerre avait fait ?

Je ne parle même pas du choix toujours possible des juges. L’idée supérieure de discipline, qui est dans le sang de ces soldats, ne suffit-elle à infirmer leur pouvoir même[1] d’équité ? Qui dit discipline dit obéissance. Lorsque le ministre[2] de la guerre, le grand chef, a établi publiquement, aux acclamations de la représentation nationale, l’autorité absolue[3] de la chose

  1. leur pouvoir d’équité ?… dans la Vérité en marche.
  2. ministère dans l’Aurore par coquille.
  3. l’autorité de la chose jugée,… dans la Vérité en marche.