Page:Cahiers de la Quinzaine - 8e série, numéros 1 à 3, 1906.djvu/230

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suit automatiquement que je ne puis pas même imaginer avec certitude une loi dont cet événement soit la matière ; si je crois que je connais avec certitude un événement, il ne suit pas automatiquement, il reste à prouver que je puisse imaginer même avec certitude une loi dont cet événement soit la matière.

Si je ne connais pas avec certitude un événement du temps de Charlemagne, ou, comme le disaient ces soldats facétieux, un homme, un type dans le genre de Charlemagne, il suit automatiquement que je ne puis pas même imaginer avec certitude une loi qui recouvre pour ainsi dire cet événement, dont cet événement serait la matière ; un tissu dont il serait le fil, un vêtement dont il serait l’étoffe ; si je crois que je connais avec certitude un événement du temps de Charlemagne, il ne suit pas automatiquement, il reste à prouver que je puisse imaginer même avec certitude une loi qui recouvre cet événement, dont cet événement soit la matière.

Ainsi en ce qui concerne la certitude l’histoire est indépendante de la sociologie et la sociologie est indépendante de l’histoire ; chacune des deux n’a que sa certitude à soi, s’il y en a ; en ce qui au contraire concerne l’incertitude, l’histoire est indépendante de la sociologie, mais la sociologie est dépendante de l’histoire.

L’histoire a de l’incertitude et n’a point de certitude pour la sociologie.

En ce qui concerne la certitude et l’incertitude, l’histoire est également indépendante de la sociologie ; en ce qui concerne la certitude, la sociologie est encore indépendante de l’histoire ; mais en ce qui concerne l’incer-