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les tapisseries


Le démantèlement de la nuit et du jour
Sur le double fossé jetait comme une trêve.
Et le désarmement de jeunesse et d’amour
Sur l’éternel débat jetait une heure brève.

Et ce sang qui devait sous la lance romaine
Couler comme la source aux sables du désert
N’était dans un berceau soigneusement couvert
Qu’un peu de vigilance et de tendresse humaine.

Et ce sang qui devait sur le dernier haut lieu
Pleuvoir comme la manne aux déserts de l’exode
N’était dans cette heureuse et molle période
Que l’entrelacement d’un réseau rose et bleu.

Et ce poil qui devait balayer le chemin
N’était pas même encor un peu de poil follet.
Cette barbe souillée au tribunal romain
N’était pas même une ombre et pas même un duvet.

Et cette peau tannée autant qu’un parchemin
Était comme la peau d’un raisin sur la treille,
À l’heure où le frelon et la mouvante abeille
Reviennent se poser sur le pampre romain.