Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/459

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sonne dans le lointain, avec grâce et mélancolie.

Il n’est pas du tout populaire. Sa verve fait croire à la verdeur du peuple ; mais sa force jeune est à lui. Il a le ton cynique, parce qu’il a plus d’un ton. Puis, cynique n’est pas grossier, loin de là. Même avec l’accent des bouges, il ne parle qu’aux lettrés. Villon, comme tout poète français, n’a dès lors écrit que pour l’élite, gens d’esprit et de bonne culture. Il est parfois subtil comme Verlaine ; mais comme il sied à la différence des temps, peintre autant que Verlaine est musicien. Il a le don de la couleur et du trait fort dans la lumière. Il n’est pas seulement réaliste à la flamande ou à l’espagnole ; mais ayant médité ce qu’il a fortement vu, il ajoute son âme même à la peinture.