Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/502

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donc, au milieu de cette cour, comme un roi qui chante, Villon, le poète proscrit.


Bernard Naudin est un homme qui médite et qui ne se contente pas du premier coup.

L’art des sacrifices n’a pas de secrets pour lui. Il en sait la valeur ; il en pratique les vertus. Dans la planche des gibets, un seul de ses trois pendus, celui du milieu, est un vrai mort à la hart, dans toute l’horreur ricanante de la pendaison : la langue hors, avec la vie ; et la pourriture proche, qui commence à errer de la tête aux pieds. L’autre mauvais garçon n’est vu que de dos ; ainsi est sauvée la face. On la devine. Enfin, le dernier est à peine indiqué dans ses grandes lignes roides et funèbres. Combien la hideur de la mort et l’atrocité du supplice ne gagnent-elles pas à cette exception ? Elles sont dix fois accrues d’être réunies sur une seule tête : et l’unique misérable qui l’exhale, fait sentir la puanteur du cadavre beaucoup plus que pour trois.

Et par là, ce Calvaire infâme évoque mieux le souvenir de l’autre. Les larrons de Montfaucon font paraître plus poignante la misère