Page:Cahiers de la quinzaine, série 13, cahier 3, 1911.djvu/602

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le premier siège de Paris

Peut-être est-il permis de rêver et d’espérer qu’une ère de progrès s’ouvrira, permettant à tous les peuples de s’associer à leur gré et de décider librement de leurs destinées, sans qu’il soit besoin pour cela de verser le sang.

Au lendemain de nos désastres, l’honnête Laprade, enfiévré par un patriotisme très respectable, emboucha la trompette héroïque et se mit à exhaler en beaux vers ses fureurs de mouton enragé. Peut-être forçait-il un peu la note, lorsqu’il se laissait aller à des sentiments d’une férocité abominable, comme dans les vers suivants :

Redevenons barbares,

Egoïstes, jaloux... abjurons la pitié.

Fermons aux opprimés, fermons nos cœurs avares,

De tous les malheureux méprisons l’amitié.

Restons seuls, cultivant la haine à toute outrance.

Je hais le Teuton fourbe et le fourbe Romain,

Revenons, revenons à la vertu barbare.

Que notre Muse chante, une hache à la main !

Et sous la terre humide, à la chaleur du sang, Mes os tressailliront abreuvés de vengeance.

Le temps avait, il est vrai, déjà fait son œuvre, lorsque j’écrivis en réponse à Laprade les vers suivants :

À LA TERRE DE FRANCE

Ô France toujours jeune, ô terre hospitalière,
Les peuples à l'envi célèbrent ta beauté ;
Tous les nobles esprits qui cherchent la clarté,
Tournent les yeux vers toi, radieuse lumière.