Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/36

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premier. Nous aimons infiniment mieux celui qui fait son métier, ou qui a l’air de faire son métier, l’ambitieux qui exerce (l’ambition) (temporelle) comme une profession reconnue. Nous haïssons l’autre. Dans le passé nous regardons, nous considérons d’un tout autre regard les ambitions temporelles des barons, par exemple, que celles des évêques (à moins que ces évêques ne fussent, comme il était si fréquent, purement et simplement des barons) ; les ambitions temporelles des laïques tout autrement que celles des clercs ; des hommes d’armes que des prêtres. Nous acceptons assez volontiers, et comme naturellement, que les capitaines, que les barons, que les gens de guerre, que tous les laïques voulussent avoir, que tous les temporels convoitassent du temporel, des châteaux et des terres temporelles, des puissances, des armes, des titres temporels. Ils faisaient pour nous comme leur métier. Au lieu que nous avons toujours, au contraire, un sentiment d’une espèce particulière de prévarication, d’une sorte de simonie, un sentiment très net, quand des spirituels, officiellement intemporels, convoitaient du temporel. Nous souffrons pour eux. Nous ne les considérons que d’un regard pénible. Que des spirituels, que des hommes officiellement intemporels, convoitassent des (biens) temporels, voilà ce qu’au fond nous n’admettons pas, ce que nous ne pouvons pas digérer. Ce qui nous donne un arrière-sentiment, un arrière-goût, une arrière-pensée de simonie, de quelque simonie. Cette arrière-pensée, cet arrière-sentiment, cet arrière-goût est si profond, cet arrière-souvenir, cette arrière-mémoire est si profonde qu’elle a survécu même à l’établissement du monde moderne, où tant de souvenirs, plus ou moins