Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/82

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peuples d’hommes, ce peuple enfin de la mémoire, ce peuple de mémoires, ce peuple de souvenirs, où toute l’universalité de la coupe horizontale du temps présent se multiplie infiniment par toute l’universalité du coup de sonde, de l’approfondissement vertical, par toute l’universalité de la coupe verticale et de l’élévation, du fil vertical, par toute l’universalité du passé vertical, verticalement le plus riche, d’un passé vertical infini pour chacun des points de cet univers infini horizontal du temps présent, la ville où pas un pavé qui ne sonne un souvenir du passé, qui n’appelle, qui n’évoque, qui ne sonne le souvenir de la mémoire du passé, où la boue même du ruisseau est une boue de l’histoire, où il n’est pas un pavé qui ne sonne sous le talon la résonance, l’évocation, le retentissement d’un passé infini, ville où le moindre pavé de bois recouvre, arrête, bouche comme un bouchon la ligne verticale montante et remontante perpétuellement au jour, vivante, invinciblement, rebelle à mourir, et à disparaître, et à être effacée, sous les pieds, reparaissant toujours, comme la tache de sang (et c’est souvent une tache de sang) du souvenir d’un événement du passé qui a toujours été capital dans l’histoire du monde, capitale temporelle du monde, capitale intellectuelle, hélas (faut-il dire hélas ?) et capitale spirituelle, encore, toujours, quand même capitale spirituelle ; la ville qui a le plus souffert pour le salut temporel de l’humanité, la ville du monde qui a le plus travaillé au salut, pour le salut temporel du monde, la ville aussi, la ville encore, la ville toujours, la ville quand même qui a le plus souffert, qui a le plus travaillé, qui a le plus prié pour un salut qui dépasse infiniment le salut temporel ; cette première