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pole, la jeune monarchie qui, naguère, tentait de s’implanter en Espagne et en Portugal[1], sera maîtresse de la Méditerranée, et la France à la veille du démembrement.

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La constitution du royaume d’Italie et de l’empire allemand n’a pas seulement entraîné une diminution considérable de la France en Europe mais aussi une complète transformation du statut européen. Il y a aujourd’hui plus du soixante ans que M. de Metternich jetait sa fameuse exclamation : « Il n’y a plus d’Europe. » On peut constater que l’unité européenne, qui avait succédé à la Chrétienté, comme sauvegarde de la civilisation internationale, et que les diplomates des traités de Vienne avaient péniblement reformée, s’est effondrée à Solférino, à Sadowa et à Sedan. Il n’y a plus d’Europe, parce qu’au siècle dernier il n’y a pas eu d’hommes d’État européens, mais uniquement des hommes d’État nationaux : un Bismarck, nationaliste prussien, un Cavour, nationaliste italien, constructeurs de l’ordre prussien et de la nationalité italienne, durent, pour les besoins de leur œuvre, agir en révolutionnaires européens. Ils ont bouleversé l’Europe et, sur les ruines de son unité politique, fondé la grandeur de leur patrie.

Ce fut assurément la source de calamités pour la France, qui, guidée par la sentiment révolutionnaire, haïssait les puissances conservatrices de la Sainte-Alliance et rêvait l’abrogation des traités de 1815.

  1. L’avènement au trône d’Espagne et le court règne d’Amédée, le mariage portugais d’une princesse de la maison de Savoie, s’étant effectués, dans une même période, au temps de nos défaites, certains écrivains se sont demandé, avec une forte apparence de raison, si la Maison de Savoie n’avait pas projeté d’établir en Méditerranée la prépotence incontestable de l’Italie. Si ce calcul fut conçu et cette espérance nourrie, l’événement les a déjouées. Mais l’avenir ?