Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/37

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sol et les caractères de races jouent un rôle important dans l’organisation de l’univers mais seulement à titre de subordonnés. Le monde est partagé en nations, et les nations, nées de la politique humaine, n’ignorent ni les limites imposées par la nature, à tel ou tel territoire, ni les communautés ethniques, mais ces limites et ces communautés ont été les éléments naturels de la formation et de la composition nationales : elles sont à l’origine des situations complexes que l’industrie de l’homme a créées dans le monde, mais, en aucun cas, elles ne purent forcer ces barrières infranchissables ; jamais l’homme civilisé n’a reconnu la divinité des fleuves et des montagnes, non plus la suprématie des races.

Dans cet esprit, Proudhon écrivait :

« Il y aurait aussi une intéressante étude à faire sur les nationalités et les frontières naturelles, deux choses, selon moi, que l’on aurait tort de considérer comme chimériques, mais que l’on a singulièrement exagérées, faussées et, à la fin, compromises, en les opposant aux principes bien supérieurs de 1815. »[1]

S’il examine les principes de nationalité et de frontières naturelles, qui peuvent constituer les facteurs d’une politique, et servir les visées d’un homme d’État, mais ne sont assurément pas des principes souverains, Proudhon insiste et revient sans cesse sur l’obligation où se trouvent les nations de se mouvoir en Europe, et, par suite, de se soumettre aux conditions européennes. Pareillement, l’organisation politique d’une nation ne doit pas demeurer étrangère aux nations voisines. Les nations ne sont pas libres de choisir telle ou telle forme de gouvernement sans l’assentiment des puissances étrangères.

Bien éloigné de s’en indigner, Proudhon juge parfois

  1. Si les traités de 1815 ont cessé d’exister, page 281.